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Notre Maître, Le Passé

1690 et qu’un relevé de toutes les naissances de la colonie révélera à peine huit accidents par 1,000 enfants.

Ces foyers pleins d’honneur, c’est déjà une première garantie de l’éducation des enfants que l’Église n’a pas moins surveillée. N’est-ce point par l’autorité sainte dont elle revêt le père, le vrai chef familial pour elle, n’est-ce point par l’ardeur de piété qu’elle allume au cœur de la mère que Mgr  de Saint-Vallier pourra appeler chaque famille canadienne « une petite communauté bien réglée » ? L’œuvre de l’Église, voulez-vous la voir dans une forme concrète ? Contemplez-la dans la symbolique cérémonie de la bénédiction, au matin du jour de l’an, alors qu’agenouillés devant leur père, devenu pontife domestique, les enfants confessent l’unité chrétienne de la famille et son ordre qui est un ordre divin.

Là ne s’arrêtera pas le génie organisateur de l’Église. Le régime féodal n’avait guère jeté, entre les habitants d’une même seigneurie, que des liens juridiques. La véritable société publique, celle qui élève une autorité au-dessus des groupes familiaux, les associe pour un progrès plus étendu et plus parfait, cette société ce sera la paroisse, institution strictement ecclésiastique sous l’ancien régime. Par un arrêt de son conseil d’État, en date du 17 mai 1699, le roi retire définitivement aux possesseurs de fiefs le patronage des églises qui sera conféré à l’évêque avec le droit de faire bâtir des temples où celui-ci le jugera convenable.

« L’évêque de Québec a eu une part essentielle dans le Règlement des districts fait en 1721 », écrivait Mgr  Plessis. « Il a toujours été en possession d’ériger les paroisses. Les archives de l’évêché font foi de 38 paroisses anciennement éri-