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Conclusion

gueurs excessives, diront quelques-uns. Rigueurs salutaires, diront les autres qui verront les précoces vermoulures écartées du millier de familles qui allaient devenir les souches d’un peuple.

Pour la défense de la race, il est deux bastions, entre autres, que nos évêques ont élevés de leurs mains : la famille et la paroisse. La famille du Canada français est une des gloires de notre peuple, « une des plus grandes merveilles de l’Église catholique en ces deux derniers siècles », a écrit un historien.[1] Et ces grands éloges, l’on veut qu’ils lui soient décernés pour la façon admirable dont elle s’est acquittée de ses fins naturelles. Mais qui a fait la famille canadienne-française ? Qui lui a donné ses lois, son âme, ces vertus de force et de pureté qui, au courage de faire son devoir, lui ont ajouté la puissance de le bien accomplir ? Ici encore, ayons la loyauté de le reconnaître, l’Église a tenu le premier rôle et le plus actif. À l’heure où se fondaient nos premiers foyers, les Jésuites puis François de Laval leur imposèrent comme idéal la sublime famille de Nazareth. C’est l’Église qui a défendu chez nous la dignité du mariage ; sur les sources de notre vie, elle n’a cessé de veiller pour que rien d’impur ne s’y mêlât. Rappelons seulement, pour montrer jusqu’où allait en ce temps-là sa vigilance, que les prêtres ne pouvaient admettre à la bénédiction nuptiale, les soldats séducteurs et leurs victimes.[2]

L’histoire de nos origines prendra, de ce fait, une particulière noblesse. C’est ainsi que les registres du gouvernement de Québec n’attesteront que deux naissances illégitimes jusqu’à l’année

  1. Dom Benoît, Vie de Mgr Taché, t. I. p. 2
  2. Mandements, des évêques de Québec, t. I, pp. 300-301