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Monseigneur Taché

vicariat apostolique dans la Colombie britannique et un autre dans l’Athabaska-Mackenzie. Ainsi se dessine, en ses lignes fortes et amples, le cadre vaste où demain n’aura plus qu’à se déployer l’Église de l’Ouest. Et comment ne pas songer, avec une fierté légitime, que l’activité d’un homme a suffi à cette tâche et que cet homme fut l’un des nôtres ?


Les missions, les fondations d’églises furent l’œuvre principale de Mgr Taché ; elles n’ont pourtant pas absorbé son activité. Entré dans la carrière épiscopale à vingt-huit ans, les plus grands événements de la Rivière-Rouge ont traversé sa vie. Et comme à tous les évêques qui régissent vraiment leur peuple, le rôle de chef lui échut naturellement.

Mgr Taché ne vit pas venir, sans émoi, l’entrée de la Rivière-Rouge et des territoires dans la Confédération canadienne. Si les perspectives de l’annexion s’illuminaient de grands espoirs, l’union fédérative avec l’est c’était aussi le déversement des immigrants dans la prairie ; c’était la fin du désert occidental et de son bienfaisant isolement. Mais surtout que vaudraient les nouvelles institutions politiques ? Les droits de la race française, ceux de l’Église seraient-ils suffisamment sauvegardés ?

Sur ce point les motifs d’inquiétude ne manquaient pas à l’évêque de Saint-Boniface. Dix ans avant le fait accompli, des folliculaires ontariens, obéissant en apparence à un mot d’ordre, s’employaient déjà à dénigrer les Métis français et les institutions scolaires de la Rivière-Rouge. Ces campagnes de presse déguisaient mal les convoitises de spoliateurs qui flairaient de beaux domai-