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Monseigneur Taché



Au Manitoba français et catholique l’on fête en ce moment le centenaire de sa naissance. Que la fête n’a-t-elle ému tout le Canada français ? Mgr Taché fut, pendant sa vie, le plus grand homme de l’Ouest ; il restera l’un des plus glorieux fils de la patrie canadienne-française.


L’homme avait de la race. Par son père il remontait jusqu’à Louis Jolliet, le découvreur du Mississipi, et, plus haut encore, jusqu’à Louis Hébert, le premier laboureur de la Nouvelle-France. Par sa mère, Louise-Henriette de la Broquerie, il tenait le sang des Boucher de Boucherville ; et, dans les lignes collatérales de sa famille, je compte la vénérable Madame d’Youville et l’explorateur du Nord-Ouest, Varennes de la Vérendrye. Dès l’âge de neuf ans, l’enfant venait habiter avec son oncle et sa mère devenue veuve, le manoir Sabrevois. Souvent, au bord du fleuve, la pensée de l’adolescent erra le long de cette grande route qui avait emporté vers les pays épiques, tant de ses illustres ancêtres. Au manoir où l’enveloppa l’affection de sa mère, femme d’un haut esprit et d’une foi plus haute encore, il retrouva, avec le souvenir de son noble aïeul, le fondateur de Boucherville, celui du Père Marquette, jadis l’un des hôtes de la maison. Ce dernier, plus que les autres peut-être, mais avec tous les souvenirs du manoir, agit fortement sur l’esprit du jeune homme. Il écrira lui-même plus tard : « Qui sait si la prière de Marquette n’a pas été pour quelque chose dans l’appel qui m’a invité à marcher sur ses traces en