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Notre Maître, Le Passé

notre passé, en l’année 1868, au lendemain même du pacte national, la coïncidence n’est point faite pour nous déplaire. Il était bon d’apprendre à nos associés politiques, à quel idéal nous accrochons nos vies, et quelle serait notre mise au fonds moral de la jeune nation.

Quelques-uns se demandent à quoi nous auront servi ces sacrifices de notre jeunesse, cette exportation d’héroïsme. « La prière de Pie IX est sur vous, » leur disait Louis Veuillot, « et qui sait quel rêve de durée, quel germe de grandeur et peut-être d’empire vous emportez de la vieille Rome et de l’impérissable Vatican ! » Quel germe de grandeur ils auront déposé dans les fondements de notre avenir, nous le saurons peut-être, un jour, quand les meilleures richesses de notre passé ne seront plus en mainmorte. Nos petits zouaves de Pie IX sont les frères de notre grand Dollard. En 1868 comme en 1660, c’est la même offrande héroïque à une cause qui veut toute la vie. Quand nous le voudrons, tous les zouaves de notre histoire pourront engendrer des héros.

La prière de Pie IX est sur nous. Et je songe que la prière du Pape embrasse l’universalité du temps comme celle de l’espace. À cause d’elle, j’en suis sûr, entre le Saint-Siège et notre jeune race, c’est un pacte pour toujours. Puisque de nos zouaves ont même laissé leurs os, en terre romaine, croyons-le : c’est le gage immortel.

Pardessus tout les zouaves du Pape ont confessé l’éternelle primauté de quelques grandes choses, de celles-là mêmes dont vit l’humanité. Quelle autre cause que celle de Dieu, avec les seuls attraits de la défaite et du martyre, eût pu convoquer à sa défense, d’un bout du monde à l’autre, l’élite de la plus belle jeunesse ? Un jour, sur la