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Nos Zouaves

Souvenons-nous pourtant : s’ils sont si beaux, nos zouaves, c’est qu’ils ont la grandeur de leur foi. N’est-ce pas pour elle qu’ils ont surtout témoigné ? Les origines de leur mouvement, ce frisson sacré qui souleva tout à coup les jeunes poitrines, et fit passer d’un bout à l’autre du Canada français un courant magnétique, tout cela se peut-il expliquer sans l’intervention mystérieuse de l’Esprit ? Ceux qui ont vécu ces minutes solennelles, ont écrit qu’un souffle divin venait d’en haut et agitait les âmes par les cimes.

La foi seule a tout déterminé. Il n’y a qu’à relire les lettres d’adieu de ces jeunes gens à leurs camarades ou à leurs familles pour s’en convaincre. Rien ne leur paraît si grand que leur vocation de soldat du Pape. Ils s’y préparent par une veillée d’armes. Pour que leur offrande soit plus pure, ils la commencent par quelques jours de retraite, par une consécration à la sainte Vierge. « Ma Dame à moi, c’est la très sainte Vierge », écrit l’un d’entre eux. « Quelle grâce désires-tu obtenir avant toute autre ? » disait à celui-là son vieux curé. — « Que je demeure en état de grâce ».

Dieu merci ! la vie des camps n’a pas entamé ces nobles dispositions. « Parmi ces « mercenaires », a écrit M. le Comte de Warren, dans son livre « L’Italie et Rome en 1869 », « nous devons reconnaître que l’on cite en première ligne la jeunesse canadienne… Leur piété est exemplaire. La régularité de leur conduite, la pureté de leurs mœurs mériteraient qu’on leur donnât le nom de « Saints du Canada »… »


Voilà l’histoire de nos zouaves et voilà les révélations qu’ils ont faites de l’âme de leur race. Que leur geste de chevaliers se hisse sur le fond de