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Nos Zouaves

que chose de plus spontané que le mouvement des zouaves ? Une armée de croisés était déjà prête, bannière au vent et l’épée au clair, que n’avait encore paru son Pierre l’Ermite. Là-bas, les bandes piémontaises ont envahi les États du Saint-Père. Bientôt, dans le monde catholique, c’est la résonance héroïque et poignant de Castelfidardo. Tout de suite, un précurseur, M. Testard de Montigny, s’est embarqué pour Rome. Puis, deux autres de notre jeunesse, MM. Murray et Larocque, s’en vont prendre part à l’engagement de Mentana et y sont blessés. Cela suffit. À partir de ce moment nous avions des zouaves. Un peu partout, des jeunes gens de chez nous se rencontraient et disaient : « Moi aussi, je pars ! ». Et pour Pie IX et pour la foi, l’on rêvait de batailles épiques et de la décoration du sang. « Il y a dans cette ville et dans toute l’étendue du pays, beaucoup de jeunes gens qui brûlent du désir d’aller, eux aussi, s’immoler pour la défense de notre Père commun, l’immortel Pie IX ». Ainsi parlait Mgr Bourget, avant tout appel lancé au public. Quelques jours plus tard, il disait encore : « Nous demeurons étranger à tout ce mouvement laïque ». Et il disait vrai. Mais la jeunesse battait les tambours et nous vivions de grandes heures. Nous goûtions ce bonheur joyeux et profond de nous sentir ressoudés à nos hérédités les plus fières, à la chevalerie de la Nouvelle-France. À ces époques lointaines, la moisson des champs pouvait manquer, mais on partait chaque année pour la grande aventure chevaleresque, avec la certitude d’une moisson de gloire.

Et voyez comment le mouvement a gagné très vite toutes les jeunes têtes et comme il est devenu en quelque sorte universel. Pour révéler l’âme