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Ce Cinquantenaire

le constitution, tint à en préciser l’intention libérale. Lord Carnarvon s’écriait à la Chambre des lords : « Le but de l’article est d’assurer à la minorité religieuse d’une province les mêmes droits et privilèges et la même protection dont pourrait jouir la minorité religieuse d’une autre province. … Il a été de placer toutes les minorités, à quelque religion qu’elles appartiennent, dans une parfaite égalité de situation, que ces minorités soient « in esse » ou « in posse. »

Il faut ajouter que les hommes de la majorité anglo-saxonne en notre pays avaient paru s’incliner devant le fait et devant le droit des nationalités. « Ce sentiment de nationalité, » disait Alexander MacKenzie au parlement de 1865, « est tellement fort dans tous les pays que des tentatives de l’anéantir n’ont, comme en Autriche, rencontré que l’échec le plus complet ; mais je crois qu’il est bon d’insérer dans la constitution une clause préventive qui enlève à tous les partis et à toutes les nationalités indistinctement le pouvoir de commettre des actes arbitraires ou injustes. » Le farouche George Brown ne se montrait pas moins conciliant : « Que nous demandions une réforme parlementaire pour le Canada seul ou une union avec les provinces maritimes, disait-il, il faut consulter les vues des Franco-Canadiens aussi bien que les nôtres ».

L’optimisme devint donc général et sans bornes. Faut-il citer la formule où s’est exprimé celui de Cartier ? « Est-il possible, s’écriait le chef canadien-français, que le gouvernement fédéral ou les gouvernements provinciaux puissent se rendre coupables d’actes arbitraires à l’égard des minorités ? Quelle serait la conséquence, en supposant qu’un des gouvernements provinciaux le tentât ?