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Notre Maître, Le Passé

liques romaines, en religion, en politique et en économie sociale, doit être la première et principale qualification que les électeurs catholiques devront exiger du candidat catholique. C’est le critérium le plus sûr qui devra leur servir à juger les hommes et les choses. » Voilà la pensée de fond des Programmistes ; le reste est commentaires et applications pratiques. On peut différer d’opinion assurément sur l’opportunité d’une pareille profession de foi politique. Mais qui osera prétendre que les malaises de l’époque ne justifiaient point, en une certaine mesure, ce surcroît de précautions ? À des catholiques, et fussent-ils députés, pouvons-nous demander moins que la soumission de tous leurs actes aux principes de la doctrine catholique ? Et voudra-t-on soutenir en bonne logique que l’adhésion d’un groupe d’hommes à un tel programme entraînait fatalement l’organisation d’un nouveau parti sur le terrain religieux ? Un catholique plus entier que sir Georges ne se fût pas effrayé de ces formules qu’on lui demandait de souscrire. Il eût compris qu’une plus intégrale application de ces principes ne pouvait que relever la morale des parlements, empêcher peut-être ces déplorables dédoublements de conscience qui font la honte et le péril de notre vie publique. Mais surtout sir Georges eût bien fait d’observer que les Programmistes se prévalaient de l’adhésion d’évêques méritant au surplus quelque respect ; que leurs journaux, journaux catholiques, ne relevaient en pareille matière que du tribunal de leur Ordinaire, et que la lettre de l’archevêque de Québec ne pouvait rien changer à la discipline de l’Église. Le chef conservateur pouvait-il craindre qu’on lui reprochât, devant les protestants, l’aveu d’un catholicisme trop absolu ?