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Les Idées Religieuses De Cartier

jette tout à coup cette solennelle déclaration : « Je prie la Chambre de m’excuser si je parle ainsi. Ce sont là des sujets que je n’aime pas à aborder et qu’il est désagréable de traiter sans nécessité dans une société mixte ; mais je suis catholique, et jamais cette Chambre ni aucune autre Chambre, ni aucun pouvoir sur la terre, ne me feront renoncer à ma foi. Mes convictions religieuses sont inébranlables et plusieurs me sauront gré de les avoir défendues. »

En 1860, à l’Université Laval de Québec, Cartier parlera comme un ultramontain en faveur du pouvoir temporel du Pape : « Pour le catholique, le pape n’est pas seulement une individualité sacerdotale, un simple ministre de la religion ; il représente, il personnifie la grande famille catholique du monde entier ; il relie les catholiques sur la terre au Rédempteur dans le ciel… il est impossible que Sa Sainteté joue le rôle qu’on lui destine : celui de pensionnaire dans la ville sainte, aux frais de telle et telle province qui lui paiera tribut. Non, le pape ne peut être mis à la portion congrue. Ce rôle ne convient pas à la dignité du Chef de l’Église. »

On recueille dans ce même discours un aveu de grand prix, et qui donne une ouverture sur la vie religieuse intime de Cartier. Cet homme politique allait jusqu’à la prière et ne s’en cachait point : « Catholiques, nous savons que rien ne peut prévaloir contre l’Église, mais nous savons aussi combien la prière est une arme puissante ! Vous priez, Monseigneur, de toute votre âme d’apôtre pour le Souverain Pontife ; nous prions, nous aussi. Dieu veuille que la prière soit triomphante ! »

Ajouterons-nous que le catholicisme de Cartier s’alliait à un sens très généreux de la liberté