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venir » est aussi dangereuse que l’organisation du despotisme administratif si rapidement avancé par M. La Fontaine ». Et il conclut avec sévérité : « La société me paraît en pleine dissolution sous l’action simultanée des démolisseurs de la morale. »[1] « Les rouges, ajoutera-t-il bientôt, précipitent leur servage par leur anticléricalisme et leur antiseigneurialisme, car le clergé et les seigneurs sont la sauvegarde du pays. »[2] À Doutre et à Lareau qui consultent le solitaire de Montebello sur la composition de leur « Histoire générale du Droit canadien », il répond : « Ne soyez ni cléricaux ni anticléricaux, soyez vrais. » Sur la question religieuse, il existe, de Papineau, une explication plus franche et d’une sincérité absolue, puisqu’on la trouve en une lettre intime à son fils Amédée. Ce dernier avait accueilli trop lestement quelques racontars sur le compte de Mgr  Bedini, légat papal à Washington, que l’on venait de fêter à son passage en notre pays. Louis-Joseph Papineau écrivait à son fils : « Quant aux honneurs qu’on lui a rendus (au délégué) au Canada, c’est bien. Le catholicisme est partie de notre nationalité qu’il faut avouer en toute occasion. L’opposition au catholicisme est moins souvent indépendance de conviction et de caractère que flagornerie pour un gouvernement protestant, ce qui, pour un Canadien, serait lâcheté. »[3]


Voilà des paroles, espérons-nous, qui rendront l’histoire plus sereine et plus juste pour celui qui les a écrites. Ne fermons pas les yeux sur les erreurs et les fautes, du jour où ceux qui les ont

  1. Lettres à Madame Papineau, 5 et 10 juillet 1851.
  2. Lettre à son fils Amédée, décembre 1854.
  3. Lettre du 7 septembre 1853.