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res et ils ne seraient nullement chagrins de les obtenir autrement, si on les jette malgré eux sur la défensive. J’aurais mieux aimé que le Gouverneur et la Commission aussi indignement outragés par une poignée de factieux se fussent mis à la tête du pays et eussent répondu à toutes ces vaines menaces en les bravant par des actes de justice… »

Le 14 mai 1838, au lendemain de la catastrophe, Papineau se défend d’avoir conseillé la rébellion. Il écrit au Docteur Nancrède de Philadelphie : « J’ai fait de l’opposition constitutionnelle, je n’en ai pas fait d’autre. Les magistrats ont enfoncé ma maison désertée, pour saisir mes papiers ; ils ont trouvé plusieurs de mes lettres chez des concitoyens arrêtés et les ont publiées. Les uns et les autres certifient que j’ai déconseillé les voies de fait. » Tout au plus, et Papineau le rappelle, avait-il recommandé à ses compatriotes le « boycottage » des marchandises britanniques. La prise d’armes, il l’attribue, sans ambages, à une provocation préméditée des oligarchiques. « Nous ne conspirions pas pour renverser le gouvernement par la force, ajoute-t-il ; nous voulions le guérir par la diète et le régime. Nous ne savions pas qu’il conspirait pour nous écraser, pour commencer la guerre civile contre le peuple… Il a choisi son temps, pour provoquer et forcer à une résistance intempestive des hommes qui n’y étaient pas préparés. » Le plus curieux est que la correspondance de La Fontaine ne ferait pas entendre une autre note. Celle d’O’Callaghan, celle de Lyon Mackenzie témoigneraient également que Papineau déconseilla, puis désapprouva le raid ridicule de Robert Nelson au printemps de 1838. On nous opposera peut-être la brochure de Paris où Papineau confesse plutôt son impénitence, où même il ex-