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Un Geste d’Action Française

procédure parlementaire, se heurter à la mauvaise volonté du gouverneur Metcalfe. Mais, le 21 février 1845, la Chambre votait la requête au gouvernement impérial, à l’unanimité, mesdames, messieurs : ce qui prouve qu’un peu de fierté et le respect de soi-même gagnent encore les meilleures victoires. (Applaudissements.)

Londres demanda trois ans de réflexion profonde. Au printemps de 1848, les ministres n’avaient pas encore fini de réfléchir. Lord Elgin entreprit de faire cesser cette dangereuse tension cérébrale. Il harcela littéralement le ministère ; il lui écrivit lettre sur lettre. Le gouverneur est du reste poussé à ces démarches par La Fontaine : « Je suis sûr, écrit lord Elgin le 15 juin 1848, que le prochain courrier de Downing Street m’apprendra ce que vous entendez faire pour le rappel des restrictions imposées par l’Acte d’Union relativement à l’usage du français. Je suis très inquiet à ce sujet. M. La Fontaine me parle constamment de la chose… Pourquoi retarde-t-on ?… » Enfin le gouvernement impérial se décida à bouger. À la session de 1849, lord Elgin en prit occasion pour lire le discours du trône dans les deux langues. C’était la première fois au pays que le représentant de la Couronne daignait accomplir personnellement ce rite parlementaire. L’allégresse des Canadiens français s’exprima dans un cri émouvant de M. D.-B. Viger : « Que mon âme est soulagée, s’écria ce vétéran de nos luttes, d’entendre les discours du trône dans la langue de mes pères. » (Vifs applaudissements.)


Mesdames, messieurs, je crois vous l’avoir démontré : c’est un anniversaire d’émancipation nationale que nous fêtons ce soir. La suprême por-