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Notre Maître, Le Passé

chanter. Lui qui avait pourtant vécu sous le régime prussien du Conseil spécial, qui avait goûté du cachot sous Colborne, n’avait pas encore appris toutes les ruses et toute la brutalité de la force sans scrupules. L’oligarchie assomma ses électeurs aux jours du scrutin ; et Hippolyte La Fontaine dut avouer sa défaite aux mains de Sydenham. L’échec fut amer, mais n’abattit point le vaincu. Une fois de plus sa main vengeresse se leva et les auteurs de l’attentat de New-Glasgow en eurent pour leur compte. Il écrivait au lendemain de sa défaite : « Lord Sydenham est descendu dans l’arène pour combattre corps à corps avec un simple individu… Il m’a vaincu ; mais il y a de ces défaites qui sont plus honorables que la victoire, surtout quand, pour remporter cette victoire, il faut marcher dans le sang de ses concitoyens » … Quelque temps après, à l’appel de son ami Baldwin, La Fontaine posait sa candidature dans Toronto, Toronto, la Mecque de l’orangisme. Il y eut bataille électorale dans le comté d’York. Mais cette fois le vaincu de Terrebonne l’emporta haut la main et l’on vit cette merveille dans notre histoire d’un comté anglais élisant un candidat canadien-français. (Applaudissements.) Le gouverneur Sydenham usa d’une dernière rouerie et l’élu d’York dut rester à la porte du parlement de 1841. Mais rien ne put empêcher qu’il n’y fût en 1842. Entre temps sir Charles Bagot a remplacé Lord Sydenham. Le nouveau gouverneur, esprit libéral, incline à la justice ; il veut le gouvernement de la majorité et il s’est ouvert de son projet aux chefs réformistes des deux provinces. Ces pourparlers sont tombés devant le public. Nous sommes au 13 septembre 1842. La Fontaine doit s’expliquer devant la Chambre et devant le pays. C’est