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Un Geste d’Action Française

feuille québécoise risqua quelques insinuations timides. Puis, elle résolut de parler franc. En termes clairs, irrécusables, elle proposa la démission générale et définitive de la langue et de la race !

« Il y en avait, et nous étions de ce nombre, lisons-nous dans « Le Canadien » du 23 octobre, qui pensaient qu’avec l’appui et la faveur de l’Angleterre, les Canadiens-français pouvaient se flatter de conserver et d’étendre leur nationalité de manière à pouvoir par la suite former une nation indépendante. Nous croyions et nous croyons encore qu’il eût été d’une sage politique pour l’Angleterre de favoriser l’extension et l’affermissement dans le Bas-Canada d’une nationalité différente de celle des États voisins ; mais les hommes d’État du jour chez la métropole pensent différemment et les Canadiens-français n’ont plus rien à attendre de ce côté-là pour leur nationalité. Que leur reste-t-il donc à faire pour leur propre intérêt et dans celui de leurs enfants, si ce n’est à travailler eux-mêmes de toutes leurs forces à amener une assimilation qui brise la barrière qui les sépare des populations qui les environnent de toutes parts ? »

… « Avec la connaissance des dispositions actuelles de l’Angleterre, ce serait pour les Canadiens-français le comble de l’aveuglement et de la folie que de s’obstiner à demeurer un peuple à part sur cette partie du continent. Le destin a parlé : il s’agit aujourd’hui de poser les fondements d’un grand édifice social sur les bords du Saint-Laurent, de composer avec tous les éléments sociaux épars sur les rives de ce grand fleuve, une grande et puissante nation. Pour l’accomplissement d’un pareil œuvre, toutes les affections sectionnaires doivent se taire et tous doivent être