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Un Geste d’Action Française

être soumis à la dégradation politique ; nous ne devons pas employer de demi-mesures. La suppression du droit de suffrage pour tous les Canadiens français est pour nous le seul moyen infaillible d’angliciser cette province au « double-quick. » Enlever ce droit aux Français, c’est vraiment se montrer charitable, humain à leur égard ; ils n’en perdront que plus tôt leur caractère national ; et plus tôt ils le perdront, plus tôt ils seront heureux, florissants et grands. »

Il ne restait plus à l’autorité officielle qu’à porter contre nous la sentence capitale. Un délégué du pouvoir impérial s’en vint enquêter en notre pays. Il se composa un jury selon son bon plaisir, et notre condamnation à mort fut rédigée. Nous étions restés un peuple de miséreux et d’illettrés, parce que nous étions restés un peuple de Français. Donc il fallait nous arracher à notre misère pour nous élever jusqu’à la civilisation anglo-saxonne. Nous avions eu raison de nous soulever ; mais nous avions le tort d’être à la fois le nombre, le droit et la vérité. Une minorité anglaise ne pouvant être décemment soumise à une majorité française, donc si la liberté politique doit échoir au pays, il convient au préalable de faire des Français un peuple-serf. Et vous avez là, mesdames, messieurs, en ce qui nous concerne, tout le rapport Durham avec sa conclusion arbitraire : l’union législative des deux Canadas.

Peuple de 650,000 âmes, nous n’aurions au parlement que la représentation de notre associé, peuple de 450,000 âmes. Pour être plus sûr de nous écraser, on s’appliquerait à nous ravir quelques-uns de nos droits les plus sacrés. Les faubourgs de nos villes, quelques comtés perdraient leur droit de suffrage pour permettre à des Anglo-