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Un geste d’action française
EN 1842[1]




Mesdames, Messieurs,

Ce fut pour nous une minute historique que celle où, le 13 septembre 1842, un fils de notre race se leva au parlement de Kingston, et, malgré le découragement universel, et malgré une loi impériale, osa parler français. Ce fut un geste d’action française, puisque fait de vaillance généreuse pour le triomphe d’une idée. Cette minute de 1842 a peut-être décidé de notre avenir ; elle reste, dans l’existence de l’homme qui l’a vécue, le plus haut point de beauté morale, puisqu’il affirma, ce jour-là, que ni les honneurs ni le pouvoir ne valent la langue et l’âme d’un peuple. (Vifs applaudissements.)

Nous sommes au lendemain de la révolte. Le peuple est tombé dans un pire état que l’aigreur ; peuple abattu il a des conseillers d’abattement. Il a vu tourner brusquement à la catastrophe une lutte de trente ans pour la cause la plus juste, pour le plus légitime idéal politique. À ses revendications en faveur de la liberté, on vient de répondre par des coups de feu, par d’affreuses dévastations, par l’échafaud. Ses chefs sont bannis ou emprisonnés. Toutes les lois sont violées contre lui, celles de l’État et celles de la plus élémentaire

  1. Commémoration du geste de La Fontaine faite au Monument National, à Montréal, le 13 septembre 1917. Nous reproduisons le discours de l’abbé Groulx, avec les manifestations de l’auditoire, tel qu’il fut recueilli dans l’Action française de ce temps-là. (Note de l’éditeur).