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Notre Maître, Le Passé

té de Saint-Germain-en-Laye en 1632. À partir de 1614, tout espoir de secours du côté de la France est perdu. Biencourt, le fils de Poutrincourt, n’abandonne pas la partie. Tout en tenant quelquefois une main à la charrue, il se jette bravement dans les bois, à la suite des Indiens. En 1623, à la mort de Biencourt, Charles de Latour qui a vingt-sept ans, compte encore quinze ou vingt hommes autour de lui. C’est la période embryonnaire du peuple acadien. Latour, le seigneur de Port-Royal, c’est le chef demi-barbare, se jetant avec sa petite bande, dans la grande vie d’aventures, vivant d’exploits, de chasse et de pêche. Seul, le passage d’un missionnaire reprend ces hommes de temps à autre, à la dignité des civilisés.

Avec le retour du pays à la France en 1632, puis l’arrivée du nouveau gouverneur, M. de Razilly, la colonie recommence son organisation sociale. Mais que de vicissitudes, que de recommencements dans sa vie ! Malgré l’abandon presque constant de la France, ces colons doivent se défendre sans cesse contre les incursions des Anglo-Américains. Observez que c’est là, en Acadie, qu’a commencé le duel de notre histoire.

En 1645, la colonie passe encore sous le joug anglais et cette fois jusqu’au traité de Bréda en 1667. Et de 1667 à 1710, cinq fois encore l’Acadie doit subir les randonnées des flibustiers américains qui rompent les digues, brûlent les habitations et les moissons, volent les barques et les bestiaux.

Mais vous entendez, mesdames, messieurs, quelle race vigoureuse et batailleuse va créer ce genre de vie. Déjà se dessinent tous les caractères d’un groupe distinct. Ces Acadiens sont des