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Notre Maître, Le Passé

prement par l’histoire, les mères acadiennes aggravèrent encore le démembrement de leurs familles déjà calculé sournoisement par Lawrence, en ne permettant pas à leurs grands fils de s’embarquer sur les mêmes vaisseaux que leurs sœurs pubères.

Sur l’esprit qui régnait dans les foyers antiques, sur leurs traditions religieuses, j’aurai tout dit quand j’aurai cité un témoignage auguste, celui de Mgr de Saint-Valier, qui avait parcouru nos campagnes, lentement, allant souvent de porte en porte et qui écrivait : « Chaque maison est une petite communauté bien réglée où l’on fait la prière en commun le soir et le matin, où l’on récite le chapelet et où l’on a la pratique des examens particuliers avant les repas et où les pères et les mères de familles suppléent au défaut des prêtres, en ce qui regarde la conduite de leurs valets. »


Voilà donc ce catholicisme sur la sincérité et la profondeur duquel, nous nous permettons parfois d’émettre des doutes. Mesdames, Messieurs, si être catholique c’est accepter, avec toute la loyauté de son âme la parole du Christ et les enseignements de son Église ; si être catholique c’est conformer sa vie à la morale de l’Évangile, accomplir les devoirs qu’elle prescrit, quelque austères qu’ils soient, eh bien, je me retourne, moi, vers ce petit peuple de Français qui a couvert de croix le continent pour confesser sa foi au Christ, Fils de Dieu ; j’observe ces vieux ancêtres qui n’avaient pas la science des savants, mais qui mieux que les savants d’aujourd’hui, savaient leur catéchisme et dont la foi si humble et si simple s’illuminait d’intuitions surnaturelles ; je songe à ce petit peuple humilié par la défaite, assailli dans sa fidélité reli-