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La Famille canadienne-française

de pain, et avec cela gros et gras. » D’un mémoire de M. Aubert, j’extrais ces lignes : « Les Français du Canada sont de corps bien fait, agiles, vigoureux, jouissant d’une parfaite santé, capables de soutenir toutes sortes de fatigues, et belliqueux, ce qui a fait que les armateurs français ont toujours, pendant cette dernière guerre, donné le quart de plus de paie aux français canadiens qu’aux français de l’Europe. Toutes ces avantageuses qualités corporelles dans les français canadiens viennent de ce qu’ils sont nés dans un pays d’un bon air, nourris de bonne nourriture et abondante ; qu’ils ont la liberté de s’exercer dès l’enfance à la pêche, à la chasse et dans les voyages en canot où il y a beaucoup d’exercice. »

Sur la vigueur physique de nos ancêtres et leur perfection corporelle, La Hontan, Hocquart, Bougainville ne s’expriment pas autrement ; et le Père Charlevoix va jusqu’à écrire : « Nous n’avons point dans le royaume de provinces où le sang soit communément si beau, la taille plus avantageuse et le corps mieux proportionné. »

Ce sont là, Mesdames, Messieurs, les effets du grand air canadien, mais aidé, nous pouvons le dire, par le sang pur de la jeune race et par l’éducation vigoureuse de la famille. Et, par exemple les enfants sont élevés dans le culte de la sobriété. Si le vieux Canadien boit souvent, trop souvent peut-être, avec ses parents et amis, son coup de Jamaïque, il est réglé toutefois que dans le cabaret, il n’y a point de verres pour les garçons avant qu’ils soient majeurs où qu’ils aient un peu de poil au menton. Il en sera de même plus tard lorsque s’implantera l’usage du thé, qui, lui aussi, reste une boisson pour les grandes personnes et pour les vieilles filles raisonnables.