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La Famille Canadienne-Française

Cette toilette passait souvent aux petits-enfants de la mariée. » M. de Gaspé y met peut-être un brin d’exagération. Ce qui est sûr, c’est que la toilette de nos aïeules s’écarte convenablement de l’extravagance. Weld, le voyageur irlandais qui passe au pays, à la fin du dix-huitième siècle, décrit comme suit le costume de la villageoise : « Il consiste en un corset bleu ou écarlate, sans manches, et un jupon d’une couleur différente. » Il ajoute et il faut l’en croire : « un chapeau de paille lui donne un air extrêmement intéressant. » « Sur plus de cent descriptions de contrats de mariages, d’inventaires ou de testaments attentivement examinées, écrit M. Edmond Roy, nous n’avons trouvé qu’un seul chapeau de soie, une paire de gants de chamois, un gilet de velours noir et un châle… En fait de fourrures, nous n’avons vu que des manteaux de chat. Les bijoux sont rares. À part le jonc d’or et la bague d’argent, que toute ménagère porte à son doigt, nous n’avons trouvé qu’un collier de nacre. En revanche toutes possèdent des crucifix d’argent. » Très souvent, pour nous résumer et pour être précis, la fiancée canadienne n’apporte à son époux, rien d’autre que ce meuble aussi vénérable que spacieux, appelé solennellement par les vieux actes des notaires, « le lit garni de la communauté ».

La dot de la jeune épousée, où est-elle, me direz-vous ? Elle est dans son cœur qui ne se donne qu’une fois et tout entier au fiancé de son choix ; elle est dans ses mains, dans ses bras d’héroïne qui ne s’arrêteront de travailler qu’avec la vie ; elle est dans sa vaillance et dans sa foi plus hautes, plus fières que toutes les épreuves ; elle est dans son honneur plus clair que ses yeux doux de Canadienne, d’un or plus brillant et plus pur que son jonc de fiançailles.