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Notre Maître, Le Passé

une seule autre jusqu’à l’année 1690. Dans un relevé de toutes les naissances de la colonie, fait par l’abbé Tanguay, l’on ne découvrira sur un total de 165,194 nouveau-nés, que, 1,366 enfants illégitimes, soit une proportion de 8.03 pour 1,000 enfants.

Avec de tels témoignages, Mesdames, Messieurs, nous pouvons parler haut de l’honnêteté de nos aïeux en ce pays. Et si d’autres races jugeaient ces statistiques de peu d’importance, c’est que, sans doute, elles seraient dans la nécessité de s’en passer.

Mais il y a autre chose ici que l’honneur et le respect de la femme. Avec des mœurs aussi bien réglées par la foi, les aspirants au mariage seront enclins presque naturellement à fixer leur choix, selon les qualités de l’âme tout d’abord, où se fonde l’amour solide et durable. Dans ce milieu où la fortune n’est pas le premier avoir, les jeunes gens qui recherchent les riches héritières sont suspects de manque de jugement. « Contentement passe richesse », disent les anciens, avec une constance qui fait les axiomes. Et quand ils disent d’un jeune marié qu’il a pris sa femme pour sa richesse, ils sont bien près d’augurer de promptes éclipses à sa lune de miel.

L’usage testamentaire veut, au reste, que les filles soient d’une fortune à peu près égale devant tous les prétendants. Il est rare qu’elles reçoivent par héritage le bien paternel ; et s’il y a quelque supériorité des unes sur les autres, c’est la supériorité qui n’est pas article de contrat de mariage : celle de la beauté ou de la vertu.

« Un riche habitant, dit M. de Gaspé, achetait à sa fille, en la mariant, une robe d’indienne, des bas de coton et des souliers chez, le boutiquier.