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La Famille canadienne-française
ses traditions, son rôle[1]




Mesdames, Messieurs,

« Une des plus grandes merveilles de l’Église catholique en ces deux derniers siècles, nous n’hésitons pas à le dire, » a écrit l’historien de Mgr Taché, c’« est la famille canadienne-française ». Et parce qu’aux yeux des hommes de foi, la beauté morale passe la beauté esthétique, le même historien n’a pas reculé devant cette autre formule quelque peu solennelle : « C’est une merveille que nous admirons plus que les cathédrales gothiques, pourtant si magnifiques de la vieille France. »[2]

Quelles influences, quelles conditions morales, historiques ou autres, ont rendu possible ce chef-d’œuvre merveilleux ? Je me propose de le rechercher avec vous. Mais tout de suite je crois pouvoir énoncer les deux propositions connexes que voici : la famille canadienne-française a été ce qu’elle fut, parce qu’elle accomplit admirablement les fins naturelles de la famille ; et si elle a pu s’égaler aussi parfaitement à ses devoirs, c’est que le catholicisme fut la loi suprême de sa vie.

La famille dont nous étudierons aujourd’hui la constitution, sera la famille rurale, telle que l’avait faite l’ancien régime et telle que généralement perpétuée jusqu’à nous. Ai-je besoin de vous en

  1. Conférence prononcée à la clôture de la Semaine Sociale, août 1923
  2. Dom Benoit, Vie de Mgr Taché, t. I. p. 2.