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septième volume 1940-1950

d’une pensée, d’une littérature », et surtout ces « diverses formes d’art, cette essence d’une philosophie, d’une sociologie et ces quelques maîtresses attitudes de l’homme éternel aux points forts de son existence ». Mais, si mal enseignées qu’elles nous soient parvenues, est-ce une raison pour ne pas les enseigner profitablement ou encore ne pas les enseigner du tout ? Au surplus, j’en tenais pour un humanisme intégral et, par là, j’entendais qu’en la formation du jeune étudiant, la part fût faite à l’apport hébraïque, voire à l’apport oriental, à celui du Moyen Âge, ce dernier apport d’un monde juvénile, en pleine sève, où l’on vivait d’un fonds assez riche pour créer la Somme théologique, la Chanson de Roland et la Cathédrale au puissant symbolisme. Surtout ne fallait-il point ignorer l’apport du christianisme, complément de l’humanisme profane, et qui, en imprégnant ce dernier de surnaturel, le met dans la ligne de l’Incarnation, l’intègre, le redresse et le transfigure. Je n’écartais pas, non plus, l’humanisme scientifique ni technique. Ce serait question d’adaptation, de dosage. Les collèges, je formulais ce vœu, s’y conformeraient, sans doute, « avec la sagesse qui les a toujours guidés. Ils se souviendront qu’il faut se soumettre à son époque, sans renoncer pour autant, devant la fascinante formule, au droit de critique. »