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IV

QUESTIONS D’ENSEIGNEMENT

Ce privilège appartient à la question de l’enseignement de garder la perpétuelle actualité. Question d’ailleurs où personne ne doute de sa compétence. Question amusante pour ceux qui prennent encore goût à la sottise humaine. Il n’est point de génération qui ne se sente l’envie de tout réformer, sinon de tout chambarder en son enseignement, comme si les sottises d’hier se pouvaient corriger par les sottises d’aujourd’hui. Donc, au pays de Québec, vers 1948, on discutait fort et comme toujours la question de l’enseignement. La Commission d’Éducation du Comité permanent du Congrès de la Langue française — celui de 1937 — avait formulé le vœu d’une enquête sur tout notre système d’enseignement. J’étais le président de cette Commission d’enquête. Nous siégeâmes quelques fois pour nous apercevoir que le sujet débordait le petit groupe d’hommes que nous étions. D’un commun accord nous demandâmes une grande enquête ; enquête qui serait menée « par des gens en dehors des fonctionnaires de l’Instruction publique, ces fonctionnaires ne devant pas être parties et juges en même temps ». Qu’advint-il de notre requête ? Adressée à Mgr Camille Roy, ex-président du Congrès de 1937, il paraît bien qu’elle fut enfouie dans les oubliettes. Nous ne reçûmes aucune réponse. Notre Commission n’avait plus qu’à se dissoudre. Cependant les controverses continuaient. À vrai dire, le bouleversement social récent, conséquence d’une industrialisation trop hâtive et trop précipitée du Québec, y donnait raisonnable occasion. Beaucoup mettaient en doute l’efficacité des vieilles méthodes humanistes pour la formation de