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IV

LA « RÉVOLUTION TRANQUILLE »

1960. Date considérable dans l’histoire du Québec. L’on a parlé de « Révolution tranquille ». Que s’est-il passé ? La mort de Duplessis, mort d’un homme, mort d’un régime. Soudain, eût-on dit, des aspirations trop longtemps comprimées explosent. Quelque chose comme un séisme souterrain. Car l’on ne saurait citer ni campagne de presse, ni ouvrage du temps qui l’eussent préparé. Notre gent intellectuelle se montre plutôt étrangère à la vie de la nation et se balance fichument du destin canadien-français. Séisme mystérieux, ai-je dit. Il semble, en effet, que la secousse provienne des courants de pensée des années quarante et donc qu’il faille remonter assez loin dans le passé. Réaction pourtant puissante et qui, pour l’heure, provient d’où nul ne l’aurait soupçonné. Ni d’un ennemi, ni d’un ami du régime qui vient de prendre fin. Encore moins d’un disciple véritable du chef qui incarnait ce régime, mais qui était devenu l’on ne sait trop comment l’homme de confiance, le dauphin tout désigné à sa succession. Comment Paul Sauvé était-il parvenu à ce point de sa fortune ? Énigme encore inexpliquée. Et quel beau sujet de thèse pour l’étudiant en histoire que les « Cent jours de Paul Sauvé » ! Tout au plus croit-on savoir que Paul Sauvé avait