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huitième volume 1950-1967

Québec. Après avoir réaffirmé « qu’il n’y a de peuples et d’États viables que le peuple et l’État maîtres de leur vie économique », je soutenais que « l’État a l’obligation de se rappeler que le bien national, notre avoir culturel, fait partie intégrante du bien commun dont il a spécialement la responsabilité, et puisque l’économique et le national ne sont point sans rapports l’un à l’égard de l’autre, l’État a encore l’obligation de se rappeler que le bien national lui impose des devoirs, même dans l’ordre économique ; une certaine vie économique nous étant nécessaire et de nécessité organique, nous avons droit à un régime qui, non seulement ne mette pas en danger notre avoir culturel, mais qui en favorise l’épanouissement. »

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Pas beaucoup à glaner dans les deux entrevues que je donne encore en 1962 à Marcel Adam et à Jacques Keable du journal La Presse ; la première le 26 mai, la seconde, le 15 septembre : entrevues où l’on m’interroge plus sur moi-même, mes travaux, que sur mes idées, celles où ma vie me mêle au grand public.

D’une tout autre espèce mon entrevue avec les Scouts de Montréal. Les Chemins de l’avenir les ont quelque peu émus. Mes jugements sur la jeune génération leur ont paru sévères. Qu’attends-je de cette génération ? Ces rencontres avec la jeunesse m’ont toujours plu, surtout lorsque l’on me paraît chercher une règle de vie, un moyen de hausser son âme. Avec ces jeunes, ils sont trois, je pense, délégués par leurs camarades, rédacteurs de leur revue Servir, revue des chefs scouts catholiques du Canada (mars-avril 1965), je me sens à l’aise. Tant d’idées qui me sont chères me reviennent à l’esprit. J’avoue ma sévérité, sans la croire excessive. J’ai, dans l’esprit, le jugement amer d’un jeune professeur de notre Université montréalaise, l’un des plus remarquables, qui me disait l’autre jour, à propos de nos étudiants : « Un tiers travaille ; les deux tiers paressent et s’amusent crapuleusement. Qu’attendre d’une pareille génération ? » Je confesse néanmoins n’avoir pas accordé meilleure part à une autre jeunesse, celle qui travaille et qui connaît le prix de la vie. À leur première question : Comment voyez-vous le rôle d’un mouvement comme le scoutisme qui veut donner aux jeunes une