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huitième volume 1950-1967

M. Gérard Filion faisait écho à cette déclaration. Que venait faire en cette atmosphère saturée de mépris, cette Grande Aventure ? Deux témoignages me devaient cependant parvenir qui m’iraient au cœur : le premier, d’un étudiant canadien-français, élève de McGill. Il me jetait un jour au passage : « J’ai lu votre Grande Aventure. Dans le milieu où je me trouve, je me sens parfois bien peu de chose. Votre livre m’a donné du cran. » L’autre éloge me viendrait de Mgr F.-A. Savard, le soir où j’assistai à la première de La Dalle-des-morts. Après le premier acte, le dramaturge se leva de son siège pour venir me dire trop flatteusement : « Tout ceci est sorti de vous ! » Dans le dépliant préparé par lui, pour la présentation de sa pièce, il avait d’ailleurs inscrit au bas d’une carte de la Nova Francia, ce bout de confidence que j’avais faite à Jean-Marc Léger : « Les petits Canadiens français ont besoin de s’entendre dire que ce continent fut d’abord, dans sa majeure partie, français et que, par des moyens dérisoires, leurs ancêtres avaient créé au Nouveau Monde un empire dont on ne voit pas d’équivalent dans les temps modernes. »

Ne soyons pas ingrats. En cette année 1958, l’Institut d’histoire de l’Amérique française tient sa Réunion générale à Québec. Mes amis de là-bas, je veux dire le Conseil de la vie française, en profitent pour me décerner le « Prix Champlain », prix d’action intellectuelle. Le prix m’est attribué pour l’ensemble de mon œuvre historique. Mais je crois que Notre Grande Aven-