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septième volume 1940-1950

moins d’un mois à titre de président du Comité des fondateurs de l’Église canadienne. La veille de mon départ de Rome, l’on nous apprend la grave maladie de l’Archevêque de Rimouski. Son coadjuteur, Mgr Parent, se hâte de rentrer au Canada. Le lendemain matin, à la Fraternité sacerdotale, rue Babylone, à Paris, où je loge avec quelques pèlerins, évêques et prêtres, l’on nous annonce la mort de Mgr Courchesne. Dans la matinée, mon voisin de chambre, Mgr Douville, évêque de Saint-Hyacinthe, passe chez moi. Il sait mon amitié pour le disparu. Il veut causer de lui. Au cours de la conversation, je pose à Mgr Douville cette question précise :

— Êtes-vous d’avis, Excellence, que Mgr Courchesne serait l’homme, ainsi qu’on le colporte partout, qui aurait porté ce que l’on appelle le « grand coup » à Mgr Charbonneau ? Moi, j’ai des raisons très particulières de savoir qu’il n’en fut pas ainsi.

— Non, me répond catégoriquement Mgr Douville, ce n’est pas Mgr Courchesne. Moi-même j’ai posé au Délégué apostolique, Mgr Antoniutti, une question quelque peu analogue : « Ne croyez-vous point, Excellence, que le clergé et le peuple de la province de Québec auraient quelque raison de nous soupçonner, nous les évêques, d’être au fond les responsables de la déposition de l’Archevêque de Montréal, étant donné que nous sommes tous passés à Rome dans l’année précédente, pour notre voyage ad limina ? » Et le Délégué m’a répondu : « Tenez-vous bien en paix, Excellence ; lorsque Mgr Charbonneau a quitté Montréal, il y avait quatre ans qu’à Rome son sort était scellé. »

Quatre ans ! On pense alors au passage du Visiteur apostolique ; on pense aussi à la corroboration que ne put manquer de fournir le Délégué apostolique au rapport du Visiteur. Et peut-être faudrait-il parler d’une autre et très influente corroboration. Je tiens le fait d’un évêque, Mgr J.-Alfred Langlois, de Valleyfield. Sur son lit de malade, m’a-t-il confié un jour, le cardinal Rodrigue