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de l’Action catholique. Il la croit trop désincarnée, trop angélique, sans vraie prise sur la jeunesse. Ses grandes filles, interrogées par lui, sur l’abandon de l’Action catholique, après leur départ du couvent, lui répondent : « Nous n’y avons vu que du “catinage”. — » Une de ses lettres, celle du 29 octobre 1935, en dit long sur le sujet :

Où allons-nous ? Je me le demande comme toi. Il me semblait que le discours du Cardinal, le 25 juin [discours où il avait justifié le patriotisme canadien-français], avait exposé une doctrine qui s’impose à tous. Et voilà que pour faire pièce aux Jésuites, Oblats, C. de Ste-Croix et régents de collège se donnent la main pour saboter pieusement plus de 25 ans de bon ouvrage. Le Congrès récent de Québec est une gageure. Je sais que Mgr des Trois-Rivières [Mgr A.-O. Comtois] trouve que le titre canadienne-française doit disparaître du nom d’une Association catholique. Il donne comme raison la défiance du Délégué et de Rome à ce sujet. Je me demande si tu ne ferais pas bien d’écrire au Cardinal à Rome une lettre où tu exprimerais tes inquiétudes en le priant de poser la question de l’éducation au Pape même. Autrement on nous mène à faire les petites affaires des Anglais sous couleur de catholicisme et l’on demande à celui-ci de faire le miracle de nous empêcher de mourir au moment où nous décidons de nous suicider.

Dans une autre lettre datée du 15 décembre de la même année, il s’emploie à calmer mes inquiétudes :

Tu peux être certain que ni Mgr Gauthier, ni Mgr Ross, ni moi nous ne mordons à ces distinctions théoriques qui veulent tourner en séparation pratique de ce qui doit rester uni dans la réalité. Mgr Gauthier a lui-même demandé à l’auteur de ne pas publier cet article alors qu’il a une attitude à prendre à l’égard des associations de jeunesse. Il ne veut pas que le Père Roy