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mes mémoires

Valleyfield. La porte m’était rouverte. D’ailleurs un élève de Philosophie, Gilles Langevin, venait de m’adresser, dans le journal du collège, Le Cécilien (2 mars 1944), la plus chaleureuse bienvenue : « Le 7 prochain, c’est donc un pionnier, un des plus ardents et des plus entreprenants, un pionnier qui a illustré notre maison… que nous accueillerons. » Qu’ai-je dit à cette jeunesse ? Je n’en ai gardé ni écriture, ni souvenir. J’étais allé, je pense, prêcher à ces grands collégiens une retraite de vocation. J’y ai frôlé, comme au temps jadis, de bien belles âmes.

J’ai parlé aussi à la jeunesse féminine, au Collège Basile-Moreau. Pendant vingt-deux ans, j’y enseignerai la littérature et surtout l’histoire du Canada. Auditoire d’élèves et de religieuses des plus sympathiques. Les collégiennes m’avaient demandé une devise pour leur petit journal de collège. À brûle-pourpoint je leur avais dicté ces simples mots : Et vivent les vivantes ! J’aurai l’occasion de prononcer une couple au moins de petits discours à l’une ou l’autre des fêtes collégiales de cette jeunesse. Dans leur journal, je retrouve deux lettres de moi qui disent un peu de quoi s’animait mon enseignement. Le 2 janvier 1941, en retour de leurs souhaits de bonne année, j’écrivais à ces chères élèves : « Ah ! si la jeunesse féminine voulait s’occuper de notre avenir, y mettre tout son cœur, toute son âme, se vouer avec toute sa ténacité, à la conservation de nos traditions, de notre culture catholique et française, comme la vie de notre pauvre peuple aurait tôt fait de prendre une autre couleur, un autre aspect ! » Quelques mois plus tard, le 5 mars 1941, interrogé par ces jeunes filles sur la qualité de leur petit journal, je leur écrivais encore : « On y sent le bouillonnement d’une génération, celle, je l’espère, qui nous donnera les femmes d’une renaissance. Je vous l’ai encore dit : le Canada français ne sera pas sauvé sans vous, sans une élite féminine. Cette élite, vous nous la ferez en suivant la ligne verticale de votre foi chrétienne, en acceptant la vie comme une ascension spirituelle. Il vous faudra de l’idéal, c’est-à-dire une volonté de vous dépasser… »

Je laisse de côté l’appui que je donne au projet d’une « Saint-Jean-Baptiste des Jeunes » lancé par les Jeunesses laurentiennes (Le Devoir, 13 juin 1944) ; et de même un discours en février 1949, lors d’un banquet des Scouts. En dépit de mauvais souvenirs sur l’orientation de cette œuvre de jeunesse, je raconte