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septième volume 1940-1950

Et il continue :

« Pour ce qui est de la nomination de Mgr Whelan à Montréal, voici qui la justifie. L’on compte près de 100,000 catholiques anglophones dans la province de Québec. Or, dans les réunions des évêques de la province, ces catholiques ne possèdent aucun porte-parole. Vous ne pouvez pas vous plaindre du même grief dans les autres provinces. Dans l’Ontario, vous avez l’archevêque d’Ottawa, l’évêque d’Alexandria ; au Manitoba, le vicaire apostolique de Le Pas, au Keewatin, l’archevêque de Saint-Boniface ; en Saskatchewan, Gravelbourg et Prince-Albert, d’autres évêques ; et dans l’Alberta, encore l’un des vôtres à Rivière-à-la-Paix. Il n’est que juste qu’on accorde aux 100,000 catholiques anglophones de votre province un évêque auxiliaire à Montréal, alors que l’Archevêque a déjà pour l’aider en sa tâche, un auxiliaire de langue française. »

Là-dessus je ne peux m’empêcher de faire observer à Son Excellence :

— Si Rome avait toujours traité les minorités canadiennes-françaises avec la même justice, sinon avec la même générosité ; si partout où la chose s’imposait, on leur avait accordé des évêques auxiliaires ; et si l’on avait toujours vu, en ces minorités, non seulement des minorités religieuses, mais des minorités possédant, en leur pays, des droits politiques et constitutionnels, croyez-m’en, Excellence, beaucoup de malaises n’existeraient pas au Canada. Et j’ajoutai : Pour ne citer qu’un exemple, si nos minorités de l’Ontario et de l’Ouest canadien avaient eu en partage les heureuses faveurs dont Rome a comblé la minorité acadienne, que d’injustices auraient pu être réparées !

Son Excellence reprend :

— Bien, en Acadie, il y avait là plus qu’une minorité, il y avait un peuple qui méritait de vivre. Et nous avons voulu lui donner les moyens de vivre : ce qui lui manquait affreusement.