Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
mes mémoires

même nouveau ? J’indiquais quelques moyens. Relations de mars 1950 reproduit quelques parties de cette conférence. Les Pères du Saint-Sacrement en publient le texte intégral dans leurs Annales. On me reprocha, dans le temps, de n’avoir vu que le paysage de Montréal et de m’être arrêté au milieu urbain, comme si le milieu urbain n’envahissait pas le milieu rural jusqu’à se confondre avec lui.

Mes meilleurs souvenirs de cet apostolat me viennent pourtant de mes retraites aux prêtres-éducateurs. Là je me sens davantage sur mon terrain. À Valleyfield, j’ai acquis quelque expérience de l’éducation des collégiens ; je me flatte même d’avoir pu me forger une doctrine de formation intégrale de l’homme. Il m’est agréable d’en faire part à mes confrères éducateurs. Je prêche une de ces retraites à Sherbrooke, d’autres à Montréal, à Valleyfield, à Rimouski, cette dernière en août 1942. Neuf ans plus tard, de l’un de mes retraitants, l’abbé Pierre Bélanger, du Séminaire de Rimouski, une confidence m’arrive qui me cause joie et surprise. « Le soussigné, entre autres faveurs spirituelles de ces jours, a gardé un attachement à la grande âme de saint Paul que vous nous aviez si bien montrée. » Avais-je si chaudement parlé de saint Paul qui fut toujours, il est vrai, le grand maître spirituel pour moi ? Un autre, l’abbé Gérard Lalonde, de Montréal, un soir, à la télévision, me fera l’amabilité de compter ma retraite de Montréal parmi celles « qui l’ont marqué ». Mystère de ces paroles qui tombent, en bonne terre, sans que nous y soyons pour grand-chose, comme ces graines emportées par le vent et qui trouvent, comme par hasard, la terre féconde.