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septième volume 1940-1950

une réunion d’intimes, je présente ce premier tome à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal qui a fait les frais de ces cours à la radio. On ne m’en voudra point de reproduire ici le petit discours de remerciements que je prononçai ce jour-là. Il explique et l’origine et le caractère de l’ouvrage :

Monsieur le président,

Mes chers amis,

C’est une bien grande manifestation pour un bien petit objet.

Mais je me rappelle que nous sommes d’un peuple qui réserve aux nouveau-nés, quels qu’ils soient, petits ou grands, laids ou beaux, le même et chaleureux accueil.

De ce nouveau-né, du reste, vous êtes encore plus responsables que votre humble serviteur. Le premier responsable, c’est d’abord la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal à qui je suis heureux de le dédier. C’est elle qui a eu l’idée de ces cours à la radio, et c’est elle qui en a fait généreusement tous les frais. Elle a même appris en son aventure que si les ondes ne sont pourtant point difficiles, il y a des auteurs qu’elles acceptent difficilement de porter.

Je dois, en second lieu, ce livre à l’Action nationale, qui, avant même qu’il fût né, et avant de s’assurer s’il ne serait pas infirme, borgne, boiteux ou mort-né, a accepté le risque de le pousser dans la vie, même s’il arrive au monde, ainsi qu’il apparaît à la couverture, sous le signe du bleu et du noir, symbole de l’espoir et de la résignation.

Je le dois, en troisième lieu, à tant d’amis qui m’ont aidé dans ma carrière d’historien, qui ont même raffermi ma chaire d’histoire lorsque des orages accourus, comme dans la fable, « du bout de l’horizon », tentaient de l’ébranler et qui, encore en ces tout derniers temps, m’ont assuré les moyens de continuer mes travaux. De mon cordial merci puissent tous les amis généreux apprendre et retenir que les historiens, ces farouches distributeurs de justice, restent quand même capables de la plus chaude gratitude.

Et qui est-il ce nouveau-né, le 22ème d’une famille tout à fait canadienne ? Depuis trente ans au delà, que je le porte, celui-là, en mon cerveau, depuis tant d’années que je remue les faits et les idées qui en font le corps et l’âme, ne me demandez pas