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de procéder avait été indiquée oralement à M. Frégault par M. Maximilien Caron, puis par une lettre de Me Gérard Trudel, en date du 26 mars 1949. Dans sa réponse à M. Trudel, M. Frégault fit valoir, en particulier, deux considérants que je lui avais soumis : je demandais cette pension après trente-quatre ans de services et non pas à l’âge réglementaire de 65 ans, mais à 71 ans passés ; je la demandais, non pour rentrer dans une retraite qui serait l’inaction, mais pour continuer et achever, avec l’aide de Dieu, des travaux d’histoire restés en plan par suite des conditions défavorables où il m’avait fallu travailler. Continuer mes travaux d’histoire, je m’en expliquai à M. Frégault, cela voulait dire : garder les moyens de rester chez moi, près de ma bibliothèque et de mes archives, avec l’aide de mon personnel.

Après avoir pris connaissance de ma pétition, présentée le 29 mars 1949, par M. Frégault, M. Trudel parut se raviser et informa mon négociateur, le 14 avril 1949, que la supplique « devrait être présentée par le Conseil de la Faculté ». J’ignore ce qui s’est passé depuis cette date : la première nouvelle que j’en eus, fut, à la fin de juillet dernier, au lieu du chèque ordinaire de $250.00, un chèque de quelque $75.00 que me fit parvenir l’administration de l’Université et qui devait être effectivement le montant de ma pension. Je ne puis m’empêcher de regretter qu’en toute convenance, ce me semble, l’on ne m’ait soumis, au préalable, aucune proposition ni demandé mon avis sur cette solution. Mis au courant en temps opportun, j’eusse tout simplement repris mon enseignement à l’Université. Ce fut d’ailleurs le parti qu’à la suite de mon immédiate protestation, Monseigneur le Recteur et Son Excellence le chancelier de l’Université me conseillèrent de prendre le 8 août 1949 (lettre de Mgr le Recteur), « jusqu’à ce que, m’écrivait-on, nous trouvions une solution plus favorable ». Il est bien évident, en effet, par ma lettre du 24 octobre 1949 à M. Frégault, que je n’ai jamais, ni oralement ni par écrit, démissionné de ma chaire d’histoire et que mon départ de l’Université se subordonnait au paiement d’une pension convenable. Or, il faut bien s’en rendre compte : non seulement la pension moins que congrue qu’on me paie, ne me permet pas de rester chez moi et de continuer mes travaux ; au coût actuel de logement et de pension que chacun connaît, je pourrais à peine me réfugier dans un hospice.

Après une enquête menée de sa propre initiative, par un avocat de mes amis, auprès de la Société d’Administration de