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septième volume 1940-1950

Votre protestation au sujet du caractère « personnel » de votre lettre du 12 janvier 1949 au Président de notre Institut, n’est pas davantage recevable. À la réception de la lettre de M. Charles-Eugène Bélanger, notre président — rien ne le lui défendait — a fait part de l’heureuse nouvelle à notre Comité de direction et à nombre de nos amis. Là-dessus nous est arrivée votre lettre du 12 janvier dernier. Pour les raisons que nous vous avons données et qui sont des raisons de gens d’honneur, force a bien été de donner connaissance de votre lettre à tous ceux qui avaient d’abord appris « l’heureuse nouvelle », et de leur faire savoir que le chèque no 258793 avait pris un autre chemin que celui de notre caisse. Dans ces conditions, votre lettre ne pouvait rester « personnelle ». Nous croyons, du reste, que ce caractère « personnel » d’une correspondance n’a jamais existé simplement que pour cacher quelque chose de gênant, non plus que pour se couvrir aux dépens des autres.

Vous me reprochez, M. le Ministre, le ton cavalier de ma dernière lettre. Relisez, s’il vous plaît, la vôtre du 12 janvier au Président de l’Institut d’Histoire de l’Amérique française. Et vous constaterez peut-être que nous n’avons pas inventé le ton cavalier, assez peu coutumier dans la correspondance officielle.

Quelques jours plus tard, le 26 mars 1949, M. le Ministre, d’une seule phrase, mettait fin à cette correspondance qui devenait plus que gênante :

Cher Monsieur,

Pour faire suite à votre lettre du 18 mars, je me permets de vous aviser que je considère l’incident clos.

Et le mystère ? L’émission du chèque ne fait point de doute. M. le ministre Omer Côté avait voulu tenir sa promesse. Et il convient de lui en donner le crédit. Qui avait intercepté ou déchiré le chèque ? Sur ce point, il me faut m’en tenir à des renseignements que m’ont alors fournis Esdras Minville et Victor Barbeau. Ces renseignements, de qui les tenaient-ils ? Voici, en tout cas, ce qui a pu percer des secrets officiels. Victor Barbeau vient de fonder Liaison, revue de littérature. Pour son premier numéro, il me demande un portrait littéraire de Thomas Chapais. Le sujet ne me tente guère ; j’y aperçois même une sorte d’inconvenance. Je le fais observer à Barbeau : M. Chapais et moi-même avons enseigné, en même temps, l’histoire du Canada, lui à Laval, moi à Mont-