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mes mémoires 1940-1950

ans vous apprendra sans doute à réfléchir un peu plus avant d’écrire.

J’ai toujours considéré qu’une lettre personnelle doit garder un caractère personnel. À tout événement, vous n’avez aucune raison de penser que le président de l’Institut a été soupçonné d’encaisser un chèque qu’il n’a jamais reçu. Pour retirer un chèque, il faut l’endosser ; et le président de l’Institut n’a pas apposé sa signature. En conséquence, il ne peut être soupçonné d’avoir retiré un montant du Gouvernement.

Je tiens à vous faire part d’une autre inexactitude de votre lettre : vous dites au paragraphe deux que ce chèque vous a été transmis par le sous-ministre, monsieur Jean Bruchési. Je dois vous informer que le sous-ministre de la Province n’a jamais été autorisé à transmettre un tel chèque, et comme question de fait, ne l’a jamais transmis. Qu’un chèque ait été émis au Trésor, cela est une affaire interne et ne regarde nullement votre Institut.

Je considère inutile de vous envoyer cette lettre à titre personnel et confidentiel, assuré à l’avance que vous ne saurez respecter ce caractère.

Autre lettre maladroite que le secrétaire de l’Institut ne laissera pas sans réponse. Donc, le 18 mars, il rappelle une fois de plus M. le Ministre au respect de certains aveux du personnel de son ministère :

Monsieur le ministre,

Nous ne pouvons accepter le reproche d’inexactitude que vous persistez à nous adresser. Personne, à l’Institut d’Histoire de l’Amérique française, n’a jamais affirmé ni juré que M. Jean Bruchési nous avait transmis un chèque — en l’espèce le chèque no 258793. Nous avons seulement affirmé et nous maintenons — relisez, s’il vous plaît, la lettre du secrétaire de votre sous-ministre en date du 2 décembre 1948 — avoir reçu l’avis suivant :

« Le 11 février 1947, M. Jean Bruchési vous transmettait un chèque portant le no 258793, au montant de $500.00, en paiement d’un octroi spécial accordé par le Secrétariat de la province à l’Institut d’Histoire de l’Amérique française. »

Où est, en tout cela, l’inexactitude ? Il peut être faux que Jean Bruchési nous ait transmis un chèque. Il n’est pas faux qu’on nous ait avisés de l’envoi de ce chèque no 258793.