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septième volume 1940-1950

crétaire, M. Maurice Séguin, qui adresse au ministre cette mise au point :

Monsieur le Ministre,

À sa réunion du 21 janvier dernier, le Comité de direction de l’Institut d’Histoire de l’Amérique française a pris connaissance de votre lettre adressée à son président, le 12 du présent mois.

Nous vous faisons observer que la lettre de notre président ne contient rien d’inexact. Il n’est dit nulle part, dans la correspondance échangée entre le Président de l’Institut et M. Charles-Eugène Bélanger, que ce dernier nous ait transmis un chèque, mais bien que ce chèque nous a été transmis par votre sous-ministre, M. Jean Bruchési. Du reste, M. le Ministre, il appert que ce chèque a bel et bien été émis, puisqu’il porte un numéro officiel, le no 258793, et qu’au surplus, d’après les livres du Département du Trésor, le chèque… apparaît (le 2 décembre 1948), soit deux ans après, comme étant encore en circulation.

En outre, M. le Ministre, nous ne pouvons considérer comme « personnelle », votre lettre du 12 janvier dernier. Il ne s’agit aucunement, dans le cas présent, d’un échange de lettres à titre privé, mais d’un échange entre le Président de l’Institut d’Histoire de l’Amérique française et le Secrétaire de la Province de Québec. D’ailleurs, comme le Président de l’Institut ne saurait se laisser soupçonner d’avoir encaissé le chèque personnellement, il a été bien obligé de nous donner connaissance de toute la correspondance échangée avec votre ministère. Et notre Institut qui vit de dévouement et de la charité de quelques amis, n’entend point passer pour émarger au budget de la Province, alors qu’il n’en reçoit pas un sou.

Que va répondre M. le Ministre à cette riposte qui ne lui laisse pas beaucoup de portes de sortie ? Va-t-il garder un diplomatique silence ? Ce qui eût été sagesse pour un homme aussi mal pris. Après quinze jours de réflexion, le 16 mars 1949, M. le ministre choisit de répondre. Il le fait sur le ton altier, le ton du politicien décidé à faire le bravache, dans l’espoir d’intimider l’adversaire :

Cher Monsieur,

Je suis un peu étonné de la façon cavalière avec laquelle vous avez rédigé votre lettre du 25 février 1949. L’expérience des