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septième volume 1940-1950

parions sur l’avenir et sur la Providence. Mais le jeune Institut se remue, donne plus que l’illusion de la vie. Il ne s’arrête pas à la fondation d’une grande revue. Il tient ses promesses, annonce, pour avril 1947, une première série de cours à l’Université : un spécialiste de grande classe, le Père Jean Delanglez, s.j., de Loyola University (Chicago), nous entretiendra de Louis Jolliet. Bientôt aussi, sous le patronage de l’Institut, Léo-Paul Desrosiers publiera le premier tome de son Iroquoisie. Conquises par tant de bonne volonté, des bourses se délient. Mme Adélina-R. Labelle, mon ancienne voisine de Vaudreuil, nous adresse un chèque de $500. Si bien qu’il nous faut instituer une catégorie de « membres bienfaiteurs », titre honorifique destiné à ceux-là qui débourseront au moins cent dollars. Douze de ces généreux figureront bientôt au verso de la couverture de la première livraison. Mais, dès le début, notre monde de politiciens nous avait préparé un petit épisode d’opéra-comique on ne peut plus savoureux. On m’en voudrait de ne pas le raconter. Il illustre si magnifiquement une époque de notre histoire politique. Or donc, un de ces jours, mes collègues, éplorés devant notre caisse trop vide de pièces sonnantes et trébuchantes, me tiennent ce discours :

— Pourquoi ne pas demander une subvention au gouvernement de Québec ?

— Je n’ai jamais rien demandé à ces gens-là. Et chaque fois que mes éditeurs ont voulu leur vendre de mes livres, ils n’ont jamais reçu que de ces refus qu’on dit « polis ».

— Mais enfin, vous ne demanderez pas pour vous-même. Vous solliciterez pour une œuvre.

Après un discours aussi persuasif, je me risque, à moitié convaincu, à une démarche auprès du Secrétaire de la province, distributeur de la manne ministérielle, et qui est alors M. Omer