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VIII

TRAVAUX D’HISTOIRE

Ai-je pour tout cela abandonné ou même négligé l’Histoire ? Pieuvre, ai-je déjà dit, qui ne lâche plus son homme quand une fois elle l’a bien enserré. Y a-t-il eu vraiment, dans ma vie, une période, où j’aie plus donné de moi-même à l’exigeante magistra vitæ ? En 1940 il y a déjà vingt-cinq ans que je m’efforce à redonner aux miens le goût de l’Histoire, que je leur en distribue des miettes. On me fait tenter une nouvelle forme d’enseignement : l’enseignement populaire. À parler vrai, c’est un peu la forme de mes cours publics à Montréal, à Québec, à Ottawa, même si ces cours prennent forcément une allure universitaire. Mais, pour ce coup, l’on veut un enseignement qui se rapproche davantage de l’auditoire populaire : des leçons plus parlées que récitées, un enseignement familier, donné à l’aide de notes et sur le ton du pédagogue sans pédantisme.

Le professeur nouveau-genre débute aux Trois-Rivières, en novembre 1943. Des jeunes y ont organisé une série de ce qu’ils appellent : Conférences-Reflets. Je figure parmi les conférenciers. Quelle partie de l’histoire canadienne y ai-je abordée ? Encore un souvenir qui ne me revient plus. Aurai-je servi à mes auditeurs quelque forme de synthèse ? Un article de Clément Marchand (Le Bien public, 10 novembre 1943) me décerne le mérite « d’embrasser tout le problème de l’histoire canadienne dans sa com-