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septième volume 1940-1950

entrevoyez d’ici les conséquences. J’en puis dire autant d’André Laurendeau. Rien ne pourra l’amener à se faire l’apologiste du député de la Beauce, mais il défendra le mouvement et son chef. Vous apercevez encore les suites de la scission.

Vous prétendez, me dites-vous, accomplir cette dénonciation et rester du Bloc. Selon mon modeste avis, c’est la mort du Bloc que vous allez consommer, surtout dans le cas d’une défaite à Stanstead. Après votre abstention, jamais le groupe de Montréal et les groupes de quelques autres parties de la province n’accepteront de suivre votre triumvirat. Il y aura peut-être alors deux Blocs, autant dire qu’avant peu, il n’y aura plus rien.

J’ai lu votre lettre à monsieur Raymond. Elle ne manque point de force. En beaucoup de ses parties, elle me paraît justifiable. Comme je l’ai écrit au Docteur Hamel et à Monsieur Trépanier, il me semble néanmoins que vous posez mal la question. Monsieur Raymond ne préfère pas Lacroix à votre groupe. Je puis même dire qu’il n’a pas d’illusion sur le député de la Beauce. Il a peut-être tort, mais il voudrait concilier les deux factions. Vous représentez Monsieur Lacroix comme un agent de la haute finance. Et ce serait là, la raison principale de votre opposition à cet homme. N’est-ce pas une autre faiblesse de votre attitude ? On me dit, d’un peu partout, que vous seriez bien en peine de faire la preuve de cette accusation contre le député de la Beauce. Et pour une affaire aussi grave, de simples soupçons ne sont pas recevables.

Pardonnez-moi mon illusion ou ma naïveté. Je persiste à croire que vous auriez dû faire la lutte dans Stanstead et dans Cartier. Vous vous seriez mis en bien meilleure posture pour tenir tête à celui que vous considérez comme votre ennemi. Si Monsieur Choquette sort vainqueur de la lutte, Monsieur Lacroix ne pourra-t-il dire, avec un semblant de raison, que