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mes mémoires

rai. » Ce cher M. Melançon dut s’en retourner bredouille, fort scandalisé de mon intransigeance. Sur les intentions de Mgr Gauthier en cette affaire de guerre, je savais pertinemment à quoi m’en tenir. Georges Pelletier du Devoir m’avait mis au courant de sa récente entrevue avec l’Administrateur apostolique du diocèse de Montréal. Pelletier était allé lui dire :

— Excellence, nous sommes en guerre. Le Devoir va prendre la même attitude qu’en 1914. Mais, en ce temps-là, notre attitude nous attira d’assez vifs désagréments de la part de notre épiscopat. Je souhaiterais savoir, si vous daignez m’en faire part, quelle sera cette fois l’attitude de nos évêques. Je voudrais autant que possible éviter les chocs trop pénibles.

L’Administrateur, c’est toujours Pelletier qui raconte, se renfrogna quelque peu, puis, de sa voix qu’il avait parfois rude, il répondit :

— Mon cher fils, Mgr Bruchési a perdu l’esprit à la suite de la première Grande Guerre, pour s’être fait tromper par les politiciens. Je n’ai pas envie de courir les mêmes risques (textuel).

Visite du Père Paré, s.j.

Un autre fait divers se rapporte aux mêmes événements. Une élection partielle de juridiction fédérale a lieu à l’automne de 1942. Le major général R. Laflèche, D.S.O., attaché militaire du Canada en France, en 1939, nommé, de retour au Canada, sous-ministre conjoint des Services nationaux de guerre, puis, en 1942, ministre des Services armés, pose sa candidature dans Montréal-Outremont. Un jeune avocat, Jean Drapeau, alors l’un des dirigeants de L’Action nationale, décide de faire la lutte au nouveau ministre, à titre de « candidat des conscrits ». On avait espéré, pour le nouveau ministre, une élection par « acclamation ». La candidature de Jean Drapeau déplaît fort aux « of-