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septième volume 1940-1950

d’une voix éplorée : « Mon Dieu, venez me chercher ; venez chercher mon âme. Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, venez à mon aide… » Deux jours plus tard, la voix commença à lui manquer. Le cierge achevait de brûler. Le 13 octobre, à neuf heures du soir, elle s’éteignit doucement, sans un spasme, dans un dernier souffle à peine perceptible.

* * *

J’ai écrit ces lignes, à deux pas de son cercueil, par cet après-midi du 15 octobre où je suis seul à la veiller. J’ai remué ces souvenirs, comme on remue des cendres chaudes, avec l’espoir d’y trouver l’éclair d’une braise… C’est bien fini. C’est le feu éteint ici-bas pour toujours. Je regarde la chère morte. Son air grave, austère, mais toujours d’une impeccable sérénité, me prononce à lui seul son éloge funèbre. Quelle unité dans cette longue vie ! Longue, émouvante fidélité à la tâche ! Longue prière de foi et d’espoir après laquelle il n’y a plus qu’à dire : Ainsi soit-il !