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VI

VISITES ET RENCONTRES À PARIS

Je reviens à Paris. On m’avait dit les milieux français jalousement fermés et la famille bourgeoise bien repliée sur soi. Les grilles dont chaque propriété s’entoure le donneraient suffisamment à penser. Illusion, légende qu’en mon voyage de 1931 j’ai vu s’envoler. Depuis la guerre de 1914, les Français se sont rendus à l’urgence d’une publicité soignée à l’étranger, surtout dans les milieux culturels qui leur sont apparentés. Il suffit, du reste, de se présenter là-bas, avec une mission ou un semblant de mission, ou quelque ombre du personnage officiel, pour que, tout de suite, vous tombe à la main la clé d’or. Les portes s’ouvrent le plus aisément du monde à l’étranger qui apporte un message fraternel. La preuve m’en est fournie de la façon la plus expresse. Le 24 février 1931, j’écris à ma mère : « Il y a des semaines où je ne prends pas trois repas à mon hôtel, tellement je reçois des invitations de tous côtés. » Pour ne manquer à personne, du lendemain de mon arrivée à Paris jusqu’à mon départ, j’ai dû tenir de mes rendez-vous, un agenda serré. Impossible d’écrire ici un journal complet de ces rencontres. J’en ai, du reste, oublié plusieurs, faute d’en avoir pris note. Je ne consignerai le souvenir que de celles qui m’ont paru les plus importantes, ou par la qualité des personnages ou pour les conversations alors tenues.

Chez Lauvrière et Baumann

C’est le 22 janvier que M. Lauvrière me reçoit pour la première fois. Je retournerai chez lui, un peu plus tard, pour un thé