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cinquième volume 1926-1931

cevoir une belle relique, peut-être un bout de cheveu de Thérèse. » Je ne possède alors qu’un tout mince morceau de vêtement de la petite Carmélite. J’envoie ma brochure à Mère Pauline. En retour une image de Thérèse, avec, au verso, une prière transcrite par la prieure du Carmel. Mais de cheveu, pas le moindre petit bout. Thérèse se chargerait d’y pourvoir autrement. Mlle Quigley entretient des relations suivies avec une Ursuline des Trois-Rivières, Française de France, qui avait bien connu autrefois la famille Martin de Lisieux. Mlle Quigley a-t-elle mis son amie au courant de mon désir et de ma déception ? Quelques jours plus tard le courrier m’apporte un bout de cheveu, cheveu tout blond de la Carmélite. Mais la Petite Thérèse, ainsi que l’on va voir, n’en reste pas là.

Donc, le 4 février, quelques jours à peine avant mes cours à l’Institut catholique, je quitte Paris pour Lisieux. Je n’oublie point qu’à part les motifs personnels qui me poussent vers la ville sainte, je suis porteur de bien des commissions pour la chère Thérèse. Esdras Minville, guéri par elle de façon apparemment miraculeuse, m’avait écrit du Canada : « Ne manquez pas, lorsque vous irez à Lisieux, de dire un gros merci à la Petite Thérèse pour toutes les bontés qu’elle a eues pour moi ; demandez-lui aussi de bien vouloir donner à nos compatriotes, particulièrement à nos chefs de tous ordres, une parcelle de la volonté qui l’a faite, elle, si grande et si glorieuse. Grand Dieu que nous avons besoin d’apprendre à vouloir. »

Mon grand ami, le Père Rodrigue Villeneuve, devenu récemment évêque de Gravelbourg, en Saskatchewan, m’avait aussi écrit de là-bas (14 janvier 1931) : « Surtout à Lisieux, Ars et Lourdes, ayez une prière fervente. L’horizon est assez mêlé. Nos journaux vous le diront peut-être. La situation économique dans l’Ouest peut amener bien des surprises, comme la boîte à Pandore. » Je ne trouve, dans mes lettres à ma mère, qu’une brève mention de mon pèlerinage :

J’ai fait un beau pèlerinage, un peu froid, dans la chapelle et à l’Hôtel. Mais les souvenirs de la Petite Thérèse aident à se réchauffer. J’ai pu dire la messe, aux Buissonnets (la maison familiale des Martin), et dans sa chambre convertie en oratoire.