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sixième volume 1931-1939

lancer tant d’apôtres à travers le monde ! De ces retraites de prêtres-éducateurs, j’en prêcherai quelques autres, dans la suite, à Montréal, à Rimouski, à Valleyfield. Je prêcherai aussi à de grands séminaristes, à Rimouski, à Sherbrooke. Chaque fois je vivrai des jours d’exaltation, de contentement inoubliable.

Vers ce même temps, un autre projet me hante. Je souhaiterais mettre plus d’esprit religieux dans notre Université de Montréal, tout particulièrement en son corps professoral. En notre chère Université, combien de fois ai-je déploré qu’avant tout perfectionnement ou tout agrandissement, l’on n’ait commencé par y bien loger le Bon Dieu. Au lieu de cette pièce si pauvre, aménagée pour un autre et un tabernacle de fortune, que n’a-t-on parachevé, à tout le moins, la petite chapelle de l’hôpital universitaire, restée en plan, je crois, tout comme l’hôpital ? Ou encore, puisque l’on a trouvé le moyen d’édifier à grand prix ce que l’on appelle le « centre social » pour les étudiants où il y a chapelle, il est vrai, que n’a-t-on bâti d’abord le logement du Père ? Bien des épreuves auraient été épargnées à l’institution, ai-je souvent pensé, si, dans les fondements, l’on avait mis plus de foi. Vers les années ’37, assisté de mon ami, Arthur Léveillé, doyen de la Faculté des sciences, nous essayons tous deux d’organiser une retraite fermée pour les professeurs. Hélas, nous rencontrons rien moins que de l’encouragement. Une quarantaine de professeurs s’inscrivent. Le soir de la rentrée, à la Villa Saint-Martin de Cartierville, à peine, pendant trois ou quatre ans, dépasserons-nous le chiffre fatidique de treize. À la fin, les autorités de la Villa se lassent. Notre retraite, nous font-elles observer, prend la place d’une autre pour professionnels, celle-ci beaucoup plus fréquentée. À l’eau le beau projet ! Nous nous y étions attachés, pas seulement pour la retraite elle-même, ni pour l’approfondissement que chacun en pouvait attendre de sa vie religieuse, mais pour les rencontres qu’elle nous offrait, pour de précieux échanges de vues, pour l’ébauche, espérions-nous, d’un relèvement de la vie spirituelle dans l’Université.