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III

TRAVAUX D’HISTOIRE DE CE TEMPS-LÀ

Pendant deux ans au moins j’étudierai l’Enseignement français au Canada, dans le Québec et dans chacune des minorités canadiennes-françaises hors du Québec. Années de travail fébrile qui marquent mon retour à l’histoire. Déjà, en 1926-1927, je reprends mes cours publics où je les avais laissés l’année d’avant, et pour aborder cette fois l’Union des Canadas. Je traite d’abord de l’Alliance réformiste (1841-1848) ; puis, en 1927-1928, d’un Essai de politique économique sous l’Union. De 1928 à 1930, et comme préparation à mes cours en France, j’offre à mes auditeurs de l’Université, le résultat de mes recherches sur l’Enseignement français. De 1930 à 1933, je reviendrai à l’Union pour en étudier la dissolution. En 1933-1934, année du 4e centenaire de la découverte du Canada, je reviens tout de bon, cette fois, au Régime français, et je m’attaque à un Jacques Cartier. J’ai gardé le plus enivrant souvenir de cette période où, plus libre enfin de mon temps et de ma personne, j’ai pu atteindre à un rendement moins hâtif et moins médiocre, goûter à la joie d’un travail moins bâclé. En ces années-là surtout, aurai-je connu les enivrements et les angoisses de l’historien : enivrements devant l’exhumation du passé, apparitions de fantômes qu’on débarrasse de leurs ombres, de leur poussière, de leurs gangues, et où l’on croit entendre les palpitations d’une vie ; découvertes d’une humanité et de formes de société attachantes par leur originalité, leurs dissemblances d’avec celles qui les ont précédées et qui les ont suivies, mais dont celles-ci ne sont pourtant que le prolongement, une continuité où se reconnaît un air de fa-