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institution d’un Conseil économique ; aménagement d’un ordre corporatif ; législation sociale en faveur de la classe ouvrière ; intervention des pouvoirs publics pour une cessation du chômage ; mesures de sécurité sociale : aide aux familles peu fortunées pour diminution des frais médicaux et frais d’hospitalisation ; aide à l’agriculture familiale : promotion de l’enseignement rural et des méthodes coopératives ; développement méthodique de la colonisation ; devoirs de l’État fédéral à l’égard des droits des provinces et de l’égalité des deux races ; politique de collaboration économique internationale ; et collaboration pour l’avènement de la paix.

Ce programme de restauration sociale allait, comme on le voit, assez loin pour l’époque. Les « treize » faisaient preuve d’une louable clairvoyance. Les choses n’en resteraient pas là. Les signataires du programme, ainsi qu’on nous le dit, n’avaient pour but que de « donner une orientation morale, sans prétendre imposer une technique ». L’époque, la misère des temps imposaient par trop l’action. Des hommes d’action, de véritables cette fois, saisissent la balle au bond. Et voilà donc que paraît bientôt, rédigé par des laïcs, pour ce coup, ce que l’on a appelé le programme no 2 : vulgarisation, mise à la portée du populaire de la doctrine des théologiens ou des moralistes. Tout s’y trouve : restauration morale au premier chef, puis restauration sociale, organisation ouvrière, lutte contre les trusts, réformes financières et politiques. Dix signataires se rangent sous la bannière : Esdras Minville, Philippe Hamel, V.-E. Beaupré, Albert Rioux, Dr J.-B. Prince, Anatole Vanier, Arthur Laurendeau, Alfred Charpentier, Wilfrid Guérin, René Chaloult : c’est-à-dire une bonne partie de la jeunesse nationaliste qui avait survécu à l’effondrement de Bourassa. Cinq de ces signataires, Minville, Rioux,