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sixième volume 1931-1939

lent dans les services fédéraux, dans l’industrie, dans le commerce ; droit particulier à une exploitation moins humiliante des ressources naturelles de la province de Québec ; conditions de succès pour ces revendications : persévérance, conquête de la force, de la dignité, organisation d’une « vie nationale vigoureuse et ordonnée ».

Voici d’ailleurs le texte intégral du Manifeste :

Manifeste de la jeune génération

Quelques récents événements de notre vie nationale, tels que la composition du personnel des techniciens à la conférence impériale et quelques nominations de fonctionnaires au Ministère du Revenu national et au service des douanes à Montréal, ont ému l’opinion canadienne-française. Elle attend à bon droit une réaction énergique et immédiate. Nous voici, au moins quelques-uns de la jeune génération, pour répondre à cet appel. La question dépasse de haut les intérêts ou la responsabilité d’un groupe ou d’un parti politique. C’est un régime trop prolongé, un malheureux état de choses trop ancien qu’il faut redresser. Voici au nom de quels sentiments et de quels principes, nous entendons le faire.

I

Nous n’entendons point rallumer de vieilles animosités. Nous croyons, au contraire, que le seul moyen de ne pas exacerber un nationalisme légitime, chez les Canadiens anglais comme chez les Canadiens français, c’est de s’appliquer, de part et d’autre, au respect scrupuleux des droits de chacune des deux races et de leurs raisonnables susceptibilités.

Le français est langue officielle du Canada autant que l’anglais. Ce qui n’empêche point certaines publications fédérales d’être rédigées exclusivement en anglais ; leur traduction paraît en retard et trop souvent ne paraît même pas. Autre anomalie et non moins grave : la monnaie d’un État bilingue est unilingue. Nous protestons contre cet état de choses, qui consacre la supériorité d’une race pour l’humiliation de l’autre.

Nous demandons aujourd’hui ce que nous exigerons demain. Ceux qui flairent le vent doivent savoir que nous ne prononçons pas des paroles en l’air : dans toutes les classes de la société