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mes mémoires

ce jour-là, M. Albert Sévigny, ancien nationaliste de la suite de Bourassa, passé au torysme, ancien ministre du cabinet Borden, se serait même écrié devant ses collègues : « Nous serions-nous trompés ? » « Et j’ai vu certain vieux politicien, notait un autre (L’Action catholique, 16 février 1935), s’oublier l’autre jour jusqu’à émettre quelques hourras durant l’ovation finale. »

Et naturellement on va prononcer le mot fatal, celui qui allait jeter la jeune génération sur un faux aiguillage. Sous le titre : « Le programme de M. Groulx », L’Illustration (13 février 1935), alors rédigé par Louis Francœur, si je ne me trompe, débute par ce paragraphe :

On se prend souvent à regretter que M. Lionel Groulx soit prêtre. Il est incontestablement, et sans possibilité de comparaison, le chef canadien-français. Mais il ne peut, de par son état, passer à l’action politique. À notre sens, c’est un très grand malheur…

L’article se termine par ces derniers mots :

Le programme de M. Groulx reste ignoré des politiciens. C’est pourtant le seul qui vaille parce que c’est le seul qui aille au fond vrai de notre problème canadien-français.

« L’économique et le national »

J’ai parlé de deux conférences prononcées en ces années-là et qui portaient en elles-mêmes une inquiétante signification. « Nos positions » date de 1935. L’année suivante, une autre invitation m’arrivait, et voici qui est encore significatif : elle me venait, pour cette fois encore, de Québec et des mêmes quartiers : le Jeune Barreau de la capitale, comme si j’eusse été le conférencier attitré, l’officiel à qui l’on va demander toutes les sortes